avec

Alain Abelhauser - Sidi Askofaré - David Bernard - Christian Fierens - Claire Harmand - Vanessa Julien - Jérémie Salvadero - Louis Sciara - Inès Segré - Jean-Louis Sous

En marge de…


En marge de…

« Il ne faut jamais sous-estimer les enfances, et la résistance du sujet à l’ergonomie du temps s’ancre le plus souvent dans un serment fait à soi-même de ne pas oublier que l’accession à l’âge de raison se paye d’un oubli justement de ce qu’il ne faudrait en aucun cas oublier – quoi ? Nul ne le sait plus, sinon l’enfant qui ne le dit pas, parce que c’est trop tôt, mais qui ne pourra plus le dire après. » (P. Bruno, Une psychanalyse : du rébus au rebut, p 389)

En marge des textes préparatoires [à ces journées du 18 et 19 mai] développant avec soin les thèses majeures de Pierre Bruno à partir de ses ouvrages (en particulier Lacan, passeur de Marx et Qu’est-ce que rêver), voici relevées quelques propositions de P. Bruno extraites d’Une psychanalyse : du rébus au rebut, lesquelles, bien que mineures, n’en contribuent pas moins à cette « autre psychanalyse » (cf. argument) qui échappe à rationner la psychanalyse à un « déjà trop entendu » :

- La psychanalyse en est à l’âge du babil : « ...la comparaison entre écriture et psychanalyse met en lumière que celle-ci en est encore à l’âge du balbutiement, sinon du babil, même si l’essentiel, sa naissance, a eu lieu. A peine plus d’un siècle, à mettre en regard avec les cinq ou six mille ans de l’invention de l’écriture. » (p 11)
- Une psychanalyse est ultracourte : « ...le ronron fait partie de la cure, et sa longueur est là pour indiquer que l’œuvre est immense. On parle de construire une atmosphère sur Mars et d’y cultiver des forêts qui pourraient ensuite accueillir des animaux. L’objectif est ambitieux et prendrait plusieurs siècles. A cette aune, une psychanalyse est ultracourte. » (p 11)
- La psychanalyse est une pratique. « Autrement dit elle peut et doit être jugée à ses résultats, de la même façon qu’une équipe d’ingénieurs, de techniciens, d’ouvriers est jugée à sa capacité de construire un nouvel avion et de le faire voler. » (p 10)
- Une psychanalyse est une Leçon de choses «...permettre au sujet, au moins une fois, d’entrevoir dans les interstices du masque de l’Autre, le visage de la chose. La chose, ainsi, aurait un visage ? Disons plus justement les visages des choses, humaines, animales, terrestres ou sidérales. »(p 33)
- Une psychanalyse agit sur l’humeur : « Qu’est-ce qui lui donne cette efficacité […] ? Une psychanalyse n’use pas du conditionnement ou du déconditionnement, elle ne se sert de la suggestion que de façon à la désactiver, la science des processus physico-chimiques l’indiffère (bien qu’elle la respecte), la génétique […] ne l’impressionnera pas tant que les gènes du transfert n’auront pas été isolés, c’est-à-dire quand les crocodiles auront des ailes. » (p 30)
- Telle peinture, tel poème, tel film : « ...une psychanalyse produit des effets de mutation subjective comparables, bien que beaucoup plus durables et profonds, avec les effets que peuvent produire telle peinture, tel poème, tel film. » (p 10)
- Ce qu’on appelle « fin » d’une psychanalyse […] est le résultat d’une invention (p 85). « Une psychanalyse n’a rien à voir avec une psychothérapie parce que, dans celle-ci, quelles que soient son orientation et son efficacité, il n’y a pas eu d’invention de la fin. » (p 86)
- Une psychanalyse, dès qu’amorcée, change la psychanalyse.  (p 381)

Jessie Cohen