En marge de…
En
marge de…
« Il
ne faut jamais sous-estimer les enfances, et la résistance du sujet
à l’ergonomie du temps s’ancre le plus souvent dans un serment
fait à soi-même de ne pas oublier que l’accession à l’âge de
raison se paye d’un oubli justement de ce qu’il ne faudrait en
aucun cas oublier – quoi ? Nul ne le sait plus, sinon l’enfant
qui ne le dit pas, parce que c’est trop tôt, mais qui ne pourra
plus le dire après. » (P. Bruno, Une psychanalyse : du
rébus au rebut, p 389)
En
marge des textes préparatoires [à ces journées du 18 et 19 mai]
développant avec soin les thèses majeures de Pierre Bruno à partir
de ses ouvrages (en particulier Lacan,
passeur de Marx
et Qu’est-ce
que rêver), voici
relevées quelques propositions de P. Bruno extraites d’Une
psychanalyse : du rébus au rebut,
lesquelles, bien que mineures, n’en contribuent pas moins à cette
« autre psychanalyse » (cf.
argument) qui échappe à rationner la psychanalyse à un « déjà
trop entendu » :
-
La
psychanalyse en est à l’âge du babil :
« ...la
comparaison entre écriture et psychanalyse met en lumière que
celle-ci en est encore à l’âge du balbutiement, sinon du babil,
même si l’essentiel, sa naissance, a eu lieu. A peine plus d’un
siècle, à mettre en regard avec les cinq ou six mille ans de
l’invention de l’écriture. » (p
11)
-
Une
psychanalyse est ultracourte : « ...le
ronron fait partie de la cure, et sa longueur est là pour indiquer
que l’œuvre est immense. On parle de construire une atmosphère
sur Mars et d’y cultiver des forêts qui pourraient ensuite
accueillir des animaux. L’objectif est ambitieux et prendrait
plusieurs siècles. A cette aune, une psychanalyse est ultracourte. »
(p 11)
-
La psychanalyse est une pratique. « Autrement
dit elle peut et doit être jugée à ses résultats, de
la même façon qu’une équipe d’ingénieurs, de techniciens,
d’ouvriers est jugée à sa capacité de construire un nouvel avion
et de le faire voler. » (p 10)
-
Une psychanalyse est une Leçon
de choses : «...permettre
au sujet, au moins une fois, d’entrevoir dans les interstices du
masque de l’Autre, le visage de la chose. La chose, ainsi, aurait
un visage ? Disons plus justement les visages des choses,
humaines, animales, terrestres ou sidérales. »(p
33)
-
Une psychanalyse agit sur l’humeur : « Qu’est-ce
qui lui donne cette efficacité […] ?
Une
psychanalyse n’use pas du conditionnement ou du déconditionnement,
elle ne se sert de la suggestion que de façon à la désactiver, la
science des processus physico-chimiques l’indiffère (bien qu’elle
la respecte), la génétique […] ne l’impressionnera pas tant que
les gènes du transfert n’auront pas été isolés, c’est-à-dire
quand les crocodiles auront des ailes. » (p
30)
-
Telle
peinture, tel poème, tel film : « ...une
psychanalyse produit des effets de mutation subjective comparables,
bien que beaucoup plus durables et profonds, avec les effets que
peuvent produire telle peinture, tel poème, tel film. » (p 10)
-
Ce
qu’on appelle « fin » d’une psychanalyse […] est le
résultat d’une invention (p
85). « Une psychanalyse n’a rien à voir avec une
psychothérapie parce que, dans celle-ci, quelles
que soient son orientation et son efficacité,
il n’y a pas eu d’invention de la fin. » (p 86)
-
Une
psychanalyse, dès qu’amorcée, change la
psychanalyse. (p
381)
…
Jessie
Cohen